L'aqueduc de Nîmes
Visite

II . La Vallée de l'Eure

 

1 . Le bassin de régulation

          Pour se rendre au bassin régulateur, il faut longer L'Alzon à pied, à partir des Sources d'Eure, sur quatre cents mètres, en le descendant par la rive gauche. Après 10 minutes de marche à allure modérée, un chemin permet de découvrir le magnifique vestige.
          Le long du chemin on peut supposer l'existence de l'aqueduc, sur le côté gauche du chemin. La Vallée de l'Eure est magnifique.

   

 

       Au départ, sur la gauche, à mi-hauteur de la falaise on aperçoit d'énormes cavités dans le calcaire urgonien. Ces marmites sont dues aux érosions combinées au cours des temps géologiques. 

 

L'Alzon coule dans un lit bordé de platanes. Il a sans doute, comme le Gardon ou la Cèze, creusé son lit à partir de son confluent jusqu'à sa source.                        

 

          A mi-chemin, le moulin du Roi est surmonté de la fameuse Tour qui abritait jadis les machines élévatrices des eaux de la ville.

 

 

A l'horizon, la Tour Fenestrelle perce le décor botanique qui garnit la colline. L'espace s'élargit et on aperçoit un ensemble architectural romain qui à lui seul représente tout un programme.
       

 

   Découvert en 1991 par une équipe d'archéologues amateurs, ce bassin est une vanne maçonnée. Il régularisait le débit de l'eau dans l'aqueduc. En période de crue, le préposé au bassin devait remonter les planches qui obturaient la vanne d'évacuation (sur le côté) qui donnait sur l'Alzon, puis il réduisait la section de la vanne principale. Il protégeait ainsi la partie aval de l'aqueduc et le Pont du Gard. Une surpression aurait pu détériorer la conduite.

 

 

 

 

          Cet appareil est vulnérable. Il est demandé de ne pas pénétrer dans la conduite, ni de monter sur les murs. Pour bien apprécier l'ouvrage, il suffit de monter sur la terrasse d'observation et de se tenir au-delà de la barrière.

 

 

 

 

          Le canal en forme de U surmonté d'une voûte est bien conservé. Sur les côtés et jusqu'à une hauteur de 1,20 m environ il est facile de repérer la couche latérale de mortier de tuileau qui assurait l'étanchéité des parois. Dans la partie la plus au sud, sur le côté gauche, on voit quelques décimètres carrés d'un badigeon rougeâtre appliqué sue le mortier de tuileau pour améliorer l'étanchéité de ce mortier et diminuer le coefficient de rugosité de la paroi. Cette technique retardait le dépôt des concrétions carbonatées.

          Une question se pose à l'observateur : "Pourquoi, en amont de la dérivation, l'enduit de tuileau ne monte-t-il pas jusqu'en haut de la voûte ?"
           Ne serait-ce pas une preuve de l'existence d'un bassin encore inconnu, situé plus près de la source ?                                                                                             

          Ce bassin n'a jamais été restauré. Son état de conservation est surprenant.
          Des moellons finement taillés garnissent les parois du conduit d'évacuation. On sait que les monuments romains devaient répondre à trois exigences : fonctionnalité, qualité et harmonie. Le bassin de régulation d'Uzès ne fait pas exception à la trilogie romaine.

          Selon les archéologues, la partie centrale du bassin était surmontée d'un chemin périphérique qui permettait au gardien de le contourner facilement. Un toit protégeait l'ensemble.

          Un bassin très ressemblant a été découvert à 200 m  en amont du Pont du Gard. Quelques détails distinguent les deux ouvrages. Au Pont du Gard, la partie voûtée n'existe plus, elle est détruite ; les parois sont chargées de dépôts calcaires, pour les raisons que l'on connaît et l'évacuation du trop plein s'effectuait sur le côté gauche en direction du Gardon. Des dépôts calcaires s'étendent le long de la ligne de plus grande pente à laquelle appartient le bassin.

          Les meilleures heures pour photographier le monument sont celles du milieu de l'après midi. Elles donnent de l'ouvrage une image claire, élégante, harmonieuse.

2 . Les moulins à eau dans la Vallée de l'Eure             

         L'Alzon est un cours d'eau relativement court : 20 à 25 km de sa source à Masmolène jusqu'à son confluent avec le Gardon à Collias.

           C'est la rivière d'Uzès. Uzès, la ville aux trois pouvoirs se caractérise par ses moulins. Au XVII ème siècle Uzès possédait quatre moulins à eau sur l'Alzon : le moulin de l'Evêque en amont de la source de l'Eure, le moulin du Roi, le moulin du duc (Moulin du Tournal) situé à 150 m en aval du bassin régulateur et le moulin de Gisfort.  Les moulins qui côtoient l'aqueduc évoquent des histoires d'eau chères aux Uzétiens.

 

          Le "tour de l'eau", promenade traditionnelle jusqu'à la seconde guerre mondiale pourrait comprendre désormais les vestiges de l'aqueduc découverts au cours des années 1980.

3 . Les premiers vestiges de l'aqueduc                     

          Des vestiges ont été découverts par-ci, par-là, mais ils ne sont pas toujours visibles. En revanche, à 300 m en aval du bassin régulateur, il est aisé de découvrir quelques-uns des vestiges de l'aqueduc qui se faufilent sous les feuillages à quelques coudées au dessus de l'Alzon. pour atteindre ces lieux, on descend à nouveau le cours de l'Alzon le long de la rive gauche. On peut contourner la prairie de manière à ne pas fouler une herbe qui embellit le site et qui appartient à quelqu'un. On contourne le moulin du Tournal. Le chemin se rétrécit et s'élève de quelques mètres puis redescend. L'aqueduc apparaît.
          L'engravure du canal a d'abord un profil en L. La branche verticale du L limite la paroi gauche du canal. On remarque tout de suite l'existence d'un radier grossier (fond du canal) soudé primitivement aux parois par un solin très apparent, parfois grossier, parfois très lisse lorsqu'il a conservé son poli d'origine. Sur la gauche, la structure de la paroi est nette : le piédroit en pierre, le mortier de tuileau et le badigeon superficiel rouge sont apparents. Pline l'Ancien nommait ce badigeon : "malta" : Il était, selon Croffiet (Pline : 36,181) composé de sève d'euphorbe, de lait de figue, de choux et de graisse de porc.... Des analyses récentes auraient prouvé qu'il s'agit d'une couche d'oxyde de fer.
          Le fond paraît horizontal. Déjà des questions se posent :                              

  • Pourquoi les Romains ont-ils choisi un si long chemin pour conduire l'eau d'Uzès à Nîmes ?

  • Quels instruments utilisaient-ils ?

  • Qui a construit l'aqueduc ?

  • Quelle fut la durée des travaux ?

  • Combien ont-ils coûté ? 

          Nous apporterons quelques réponses à ces questions. Nous les empruntons à différents auteurs spécialistes de la romanité (en particulier, les ouvrages de MM. Fabre, Fiches et Paillet.). Nous aurons la prudence de nous exprimer au conditionnel, les hypothèses n'étant pas toujours définitives.                                                    

          Il existe dans la campagne, à Pont des Charrettes, au delà de ces premiers mètres visibles, d'autres vestiges. La visite n'est pas toujours aisée. Il faut longer un pâturage temporaire de taureaux camarguais, il faut traverser des propriétés privées. L'aqueduc n'est pas toujours dégagé des buissons et des lianes. Nous préférons ne pas conseiller cette visite sans s'assurer qu'elle peut se faire sans déranger animaux et personnes.
          Notre but n'est pas de proposer une visite complète de l'aqueduc, mais une visite intéressante des principaux tronçons des vestiges qu'on peut voir sans risques.

          A Carrignargues, quartier de Pont des Charrettes, on peut découvrir des vestiges dont l'intérêt n'échapperait pas à des passionnés d'archéologie.

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