Le Pont du Gard

IX . Le site du Pont du Gard

          

B . Visite

5 .    Le Pont du Gard

           Le Pont du Gard est situé dans la commune de Vers qui depuis quelques années porte le nom de Vers-Pont-du-Gard.

           Le Pont du Gard est un monument classé par l'U.N.E.S.C.O. comme faisant partie du patrimoine mondial. Mais le sol sur lequel il s'appuie est versois. Vers possède le foncier et une bonne partie de l'aqueduc et elle porte son nom. Il n'en faut pas plus pour attiser des petites rancoeurs entre les villages qui, au siècle dernier, débouchaient dur des "battestes". Aujourd'hui ces guerres picrocholines ont disparu mais le vieux pont fait toujours l'objet de bien des convoitises. C'est la rançon du prestige.

          Le pont romain est tronqué. Une montée d'escaliers, construite par l'ingénieur nîmois Questel, permet en un tour et demi de vis d'atteindre le radier de l'aqueduc.
          De part et d'autre de l'ouverture qui donne sur ces escaliers foisonnent des signes gravés dans la pierre tendre de calcaire coquillier. La plupart de ces marques ne sont pas des graffitis mais des traces laissées par des compagnons maçons qui ont travaillé sur le pont. Marquer son passage, pour un compagnon, c'est laisser sa signature. Quoi de plus naturel pour un artiste ? Les compagnons maçons ne sont pas les seuls à avoir laissé la marque de leur passage. Des maréchaux-ferrants, des charpentiers, des serruriers et même des boulangers ont tenu à rendre visite au prestigieux monument. Ils y ont inscrit leurs empreintes les plus chères.
          Un des plus beau signe, une véritable composition, se trouve à quelques mètres de l'ouverture, sur la façade nord du pont -  donc sur le côté gauche - en haut du deuxième étage. Il est inscrit dans le galbe de la corniche, ce qui le rend difficilement visible après dix heures du matin, lorsque cette face est dans l'ombre. L'inscription : 
" FOUCHE DIT LA VERTU DE SAINTES" est suivie du tracé de six instruments de maçons dont nous parlerons plus loin.

          La Clairière : La clairière est tout à côté de l'ouverture qui donne accès à l'aqueduc. Pour l'atteindre nous devons tourner le dos au Pont du Gard et remonter le sentier le long des fouilles sur cinq à six mètres. Un tout petit sentier, sur la gauche, descend sur la clairière en moins d'une minute.
          De la clairière, la vue sur le pont est prodigieuse. Au font, sur l'autre rive du Gardon, la colline boisée est restée intacte. Une grotte de petites dimensions évoque les peuplades primitives qui vivaient dans le site depuis l'origine de l'homme. De l'homo sapiens en passant par les chasseurs et pêcheurs magdaléniens, jusqu'aux bergers et cultivateurs sédentaires, les Gorges du Gardon ont connu toutes les étapes qui ont marqué l'évolution de l'humanité sur nos terres.
          Sur la gauche, le monument domine imposant mais léger. Seule, et c'est dommage, la partie inférieure des arches du premier étage échappe à notre vue. En revanche les onze arches du deuxième étage se superposent élégamment sur celles du premier.
          Quelques claveaux en relief et très apparents dans la concavité des arcades permettaient le calage des gabarits. D'autres ressortent en façade : ils supportaient les échafaudages.
          Nous avons dit que les arches des deux premiers étages se superposaient exactement, mais au niveau d'un même étage leurs ouvertures diffèrent sensiblement : elles varient de 19,5 mètres à près de 25 mètres. La plus large enjambe le Gardon.
          Le troisième étage est constitué de 35 arcades toutes semblables. La monotonie ne gêne pas. Elles sont si haute qu'on les perçoit comme un feston de pierres finement ciselé. Elles ont pourtant des dimensions respectables puisque l'ouverture est de 4,8 mètres et la hauteur de 7,4 mètres. Chacune pourrait contenir une maison à étages ! Les arcades du troisième étage de dimensions régulières recouvrent les arches du second d'ouvertures régulières. C'est ainsi qu'aux arches du deuxième étage sont superposées trois arcades et que la grande arche en supporte quatre.
          Au dessus des arcades du troisième étage se situe l'aqueduc, pièce maîtresse du Pont. On distingue aisément sa hauteur primitive, très apparente aux deux extrémités. Sur la façade, à un mètre de la partie la plus haute, les pierres en relief qui déterminaient la bordure supérieure du canal apparaissent sous la forme d'une margelle. Elles déterminent maintenant la base de la surélévation du canal.

           Les arches du second étage épaisses de 4,5 m sont formées de trois parties juxtaposées très distinctes. Cette technique de construction trouverait sa justification, dit-on, dans le souci de donner plus de souplesse au monument en cas de mouvement de terrain. Au premier étage on retrouve la même disposition mais en quatre parties.
          Ce mode de construction semble avoir fait école dans notre région vulnérable aux secousses sismiques. Les ponts de Pont-Saint-Esprit et le Pont-Saint-Bénézet d'Avignon sont construits eux aussi sans liaison des partie latérales.
          De la clairière, endroit privilégié, nous pouvons comprendre quelques principes important de l'architecture romaine : qualité, harmonie, fonctionnalité.

          De la plage, la vue sera plus complète et le pont plus majestueux.

          Sur la plage : Un sentier borde le bas de la clairière et conduit au bord du Gardon. De la plage, le Pont apparaît dans toute sa majesté. Dominant la rivière de cinquante mètres, il est le plus haut des aqueducs romains. L'équilibre entre les parties pleines et les parties vides, la couleur jaune dorée de la pierre dans l'échancrure verdoyante de la garrigue évoquent bien un beau bijou finement ciselé posé dans un délicat écrin de velours vert.
          Il serait dommage de ne rester sur la plage que le temps d'un coup d'oeil et d'une prise de vue. Le pont est plus qu'une image qu'on montrera à ses amis. Il mérite quelques instants d'attention, quelques moment de réflexion. Il suscite l'intérêt pour qui veut bien s'y attarder. Resplendissant sous le soleil, féerique en contre jour, impressionnant la nuit, il est tout un programme. Revenir la nuit tombée, muni d'une lampe de poche pour apprivoiser les ombres du sous bois et la raideur des marches, fait partie des bons souvenirs.

          Le canal : Pour les privilégiés accompagnés d'un guide, après avoir profité de la vue extérieure, on peut remonter sur la colline, emprunter les escaliers en colimaçon de Questel et s'engager dans le canal.
          De part et d'autre de l'entrée sont gravés des signes compagnonniques : équerres, compas, fer à cheval, inscriptions rappelant différentes corporations et différentes générations d'artistes maçons, maréchaux ferrants ou charpentiers.
          La montée d'escaliers intégrée dans le pilier terminal en 1844 ne permet pas les croisements. Un tour et demi de vis et l'on accède au canal. Dès que l'on pose les pieds sur le radier on distingue sur les parois montées avec des moellons bien taillés la couche de mortier de tuileau de l'aqueduc primitif. Par endroit des plaques de badigeon rouge s'étalent sur les côtés.

          En amont du Pont, au fond de la vallée, en provenance de Saint-Privat, la rivière coule au travers d'une verdoyante forêt riveraine (que les botanistes dénomment ripisylve. La vallée, encaissée jusqu'au Pont, s'élargit en aval. Le Pont du Gard marque la fin des Gorges du Gardon. Dirigeons notre regard vers l'amont. Les versants boisés sont abrupts et se confondent vers le haut avec une garrigue qui se développe à l'infini. Au fond, le château de Saint-Privat reste invisible. On prétend que de sa tour de guet on n'aperçoit le Pont du Gard que si l'on s'élève de deux mètres au-dessus de la terrasse supérieure : stratagème qui permettrait de voir, à partir du Château, sans être vu du Pont du Gard.... Aujourd'hui, le Château n'est ni un poste de garde ni un état-major. Il mérite une mention particulière, tant son histoire est liée à celle des Romains, à celle du Pont du Gard et à celle de l'histoire du protestantisme français.

          Avançons dans l'aqueduc. Soudain le canal, qui était jusque là à ciel ouvert, se surélève et devient couvert. Cette surélévation permettait l'augmentation de la section utile et u meilleur passage de l'eau dans cette conduite forcée. On aperçoit sans difficulté la reprise du mortier de tuileau au-delà de1,2 m à partir du sol. Elle se prolonge jusqu'à la dalle supérieure. Les grains d'argile cuite qui caractérise le mortier de tuileau sont d'une grosseur un peu différente de celle de la couche primitive et la densité de répartition de ces grains est un peu différente. Cet enduit atteint maintenant la couverture de l'aqueduc. Cette couverture est en dalles plates, ce qui est exceptionnel le long des cinquante kilomètres de l'aqueduc qui est presque partout voûté.
          Sur les côtés les concrétions sont très épaisses. On se trouve dans une des parties où l'accumulation des dépôts calcaires est des plus importantes, mais on trouve encore plus épais en aval du Pont de Valmale.
          On marche sur un béton qui protège le radier d'origine. Au niveau des goulottes d'évacuation des eaux de pluie, de facture récente, on peut voir la tranche de cette protection et apprécier son épaisseur qui est de l'ordre de dix centimètres. La hauteur libre du canal est de 1,7 mètres environ. Elle était de 1,8 mètres à l'époque du fonctionnement de l'aqueduc, après la surélévation.
          Les dalles qui recouvrent le canal forment essentiellement deux ensembles avec un espace vide entre les deux.
          Sur la partie supérieure, à l'extérieure, les signes compagnonniques se suivent. Quoi de plus pratique que des grandes dalles pour graver ? Pour les voir il faudrait monter sur la couverture de l'aqueduc, ce qui est interdit et, en tous cas, vivement déconseillé. Marcher sur des dalles de 3,6 mètres de large à 50 mètres au-dessus de la rivière est dangereux : inutile de dire que les chutes ne laissent aucune chance de survie à leurs victimes.

          Les parties extrêmes du canal ont été restaurées. A l'extrémité Est et très facilement repérable, les parois détruites ont été remontées jusqu'au niveau initial. Les restaurateurs ont sauvé les apparences, mais ils ont oublié d'enduire les parois de mortier de tuileau. Quand aux concrétions disparues, elles manqueront toujours.
          Des plaques en céramique pas très en harmonie avec les vieilles pierres marquent la rupture des niveaux supérieurs que nous avions signalée à l'autre extrémité du Pont.
          L'aqueduc se termine par quelques marches d'escaliers récentes qu'il faut descendre. Un tunnel lui fait face. Ce tunnel, creusé par Bravay en 1864, a été évoqué dans la première partie.

          En bas du Pont du Gard :

       Longer le Pont du Gard par le pont routier et passer sur la rive gauche du Gardon à la rive droite constitue un programme. C'est un parcours classique qu'on peut aisément agrémenter d'histoires. Sur ce pont on peut apprendre à chaque pas.

          A partir de l'hôtel Labourel et en remontant vers le Pont nous découvrons tout de suite, sur notre gauche, une grande cavité d'une quinzaine de mètres d'ouverture, de sept à huit mètres de haut et d'une dizaine de mètres de profondeur. C'est la grotte de la Salpétrière. Des générations d'archéologues l'ont fouillée. Ils ont découvert plus de dix étages caractéristiques d'époques s'étendant des Moustériens aux Pasteurs en passant par les Magdaléniens chasseurs et pêcheurs. Des représentants de ces nombreuses ethnies ont laissé des indices sur leurs activités et sur leur façon de vivre dans les grottes du Gardon, dont la Salpétrière et la Balouzière font partie. La salle Bayol, au muséum d'histoire naturelle à Nîmes rassemble un certain nombre de ces témoignages.
          La grotte est vide maintenant. Des panneaux explicatifs seraient les bienvenus.

          Le chemin de Saint-Privat : Du même côté du Gardon se glisse en contrebas, entre la route qui va vers le Pont et le Gardon, le chemin de Saint-Privat. La visite du château du XIIIème siècle et des jardins est réglementée. Il convient de se renseigner auprès de l'office du tourisme.

          Nous pouvons nous engager sur le Pont. Sur la façade nord du Pont du Gard, à notre gauche, et sur le parapet du pont routier, à droite, les signes compagnonniques occupent la plus grande partie des surfaces planes. Le matin, le soleil éclaire la façade nord du Pont du Gard et l'après midi il éclaire la paroi verticale du pont routier. Il est bon de tenir compte des périodes d'ensoleillement pour obtenir les signes dans les meilleures conditions de visibilité.

          Le pont routier : Il fut construit par Henri Pitot entre 1743 et 1747. Jusqu'en 1743 le Pont du Gard n'était pas strictement un aqueduc. En fait depuis le début du treizième siècle des échancrures furent pratiquées sur les piliers des arches du deuxième étage afin de laisser le passage à un mulet bâté. Cette situation ne pouvant pas durer, les Etats du Languedoc envisagèrent de grands travaux : la restauration du Pont aqueduc et la construction d'un pont routier attenant au Pont du Gard.
          Les pierres pour la construction de l'ouvrage ont été extraites dans les fouilles des arches disparues en amont du Monument. La ressemblance des deux ponts est donc frappante. Les blocs utilisés proviennent de la même carrière et il ont été extraits à la même époque , il y a deux mille ans. La seule différence de traitement depuis la nuit des temps est que les uns ont été exposés aux intempéries depuis le début alors que les autres, enfouis dans la terre pendant seize siècles, ont meilleure allure maintenant.
          L'observateur attentif remarquera une différence entre la finition supérieure des avant bec romains, en amont, et la partie supérieure des arrières becs de Pitot, en aval. Cette différence n'a pas été appréciée par tous les réalisateurs de gravures représentant le Pont du Gard. Ils n'ont pas retenu la nuance. La trouverez-vous ?

          La traversée du Gardon posa un problème jusqu'au milieu du XVIIIème siècle. En l'an 218 avant J.C., Annibal, se rendant d'Espagne en Italie,  traversait le Gardon à gué et le Rhône à l'aide d'utricules. Dès l'époque romaine on traversait le Gardon avec des bacs. Selon Maurice Billo ( "Histoire des ponts routiers sur le Gardon" ), les bacs sont mentionné comme moyens de transfert à Remoulins dès le Moyen-Age et ce jusqu'en 1830.
          En 1830, le premier pont suspendu de Remoulins fut mis en service, ce qui diminua le trafic sur le pont routier Pitot. Le passage des convois importants perturbent le Pont du Gard. C'est pourquoi des témoins ont été posés sur les piliers du deuxième étage de manière à surveiller l'importance des fissures. L'avenir du Pont du Gard dépend des précautions qu'on prend (ou qu'on ne prend pas) maintenant. Les voitures et poids lourds n'ont plus le droit d'emprunter le pont routier. C'est la moindre des mesures. Il conviendrait que, dans un proche avenir, on interdise le survol du site par des engins générateurs de vibrations à résonance nuisibles.

          Voir le Pont du Gard sous un bel angle et vues inhabituelles :

       De la rive gauche du Gardon :

          En amont du Pont du Gard : En venant du Pont Roupt ou des arches de Valive, on aborde le Pont du Gard par les fouilles qui supportaient les arches disparues. Henri Pitot a réutilisé les blocs pour construire le pont routier attenant au monument. Au niveau des premières fouilles, venant du Pont de Valive, on tourne sur la droite en direction du belvédère, signalé par des bornes. Deux minutes de marche sur un terrain plutôt dénudé permet d'atteindre le point d'observation. La vue sur le Pont est d'autant plus vraie que le pont routier demeure peu visible. C'est vers le début d'après midi que la pierre présente, en automne et au printemps, ses couleurs les plus chaudes. Ici, comme partout dans le site, l'aspect sauvage et l'absence de constructions contribuent à valoriser le paysage de garrigue. On peut se reposer sur un banc de pierre, prendre son temps, admirer la silhouette du Pont du Gard.

          Plus loin, en amont, après avoir marché sur des rochers plats et traversé des bosquets de chênes verts, en bordure d'un champ de romarins, une image semblable du Pont plus proportionnée au cadre naturel mérite le détour. Au lever du soleil c'est un contre jour et au milieu de l'après midi c'est la couleur.

          En aval du Pont du Gard : Le point de départ est l'auberge du "Vieux moulin". Cette auberge, qui fit partie jadis des trois moulins du domaine de Saint Privat, occupe une position privilégiée sur le site. De sa terrasse on a une vue directe sur le Pont du Gard.

          De la plage, le grand pont se détache de la vallée. La partie supérieure des plateaux alentours s'estompe derrière la masse imposante mais légère du monument. Cet équilibre harmonieux résulte de l'esthétique de l'ouvrage, de la finesse de l'aqueduc, de la forme élégante des arches, de leur ouverture, des proportions entre les pleins et les vides habilement répartis sur l'ensemble du monument.

          Selon Vitruve, les Romains imposaient à leurs monuments : solidité, utilité et beauté. L'aqueduc dans son ensemble répondait-il à ces trois impératifs ? sans doute. Quant au Pont du Gard, c'est sans aucun doute.

           En fin d'après-midi, le soleil s'efface au sud-ouest en hiver, au nord-ouest en été. Mais pendant deux périodes intermédiaires de l'année, voisine des équinoxes, le soleil se couche dans une dépression. L'ombre portée du Pont du Gard sur la colline de la rive droite est presque horizontale. Ce spectacle discret se voit de la rive gauche en aval du Pont.

          De la rive droite du Gardon :

       En amont du Pont du Gard : C'est le coin favori des matinaux. Deux directions d'observation sont particulièrement intéressantes : 
          a) soit le long du chemin de Saint Privat.
          b) soit dans la colline en amont du Pont.

          a) Le long du chemin de Saint Privat, autour du 20 juin c'est à dire autour du solstice d'été, au lever du soleil, l'ombre portée du Pont sur la rive gauche est la plus marquée de l'année. L'effet est artistique. Cette partie du site sauvage plus que toute autre est appréciée par ceux qui, appareil photos en bandoulière, recherchent les belles images du Pont.
              Le matin est le moment choisi des contre-jours, des senteurs et de la fraîcheur. L'après-midi est le moment le meilleur pour apprécier et photographier, de préférence  avec un téléobjectif de 200 mm de focale, la fameuse inscription :
                                              MENS
                                              Totum
                                              corium
               Pour cela, si l'on a le pied marin - sinon s'abstenir -, on peut se rendre sur le rocher au pied du pilier de l'arche qui enjambe le Gardon. On se trouve ainsi au pied de l'avant-bec rive droite, en amont de la rivière par rapport au monument. L'inscription gravée sue cet avant-bec est facile à repérer : la gravure se trouve sur une pierre de l'avant-bec à section presque carrée de 50x40 cm environ. Il s'agit de la sixième pierre de l'avant-bec à partir du haut. Cette pierre jouxte le pilier de la grande arche qui surplombe le Gardon. La lecture à l'oeil nu est assez facile mais il pourrait être dangereux de trop s'avancer sur le rocher au risque de glisser et de tomber dans la rivière d'une hauteur de plusieurs mètres. Des jumelles permettent de bien voir sans trop s'approcher.
                 MM. Jacques Gascou et J.L. Paillet, dans "l'aqueduc de Nîmes et le Pont du Gard ", ont étudié cette inscription qui serait connue depuis le XVIIème siècle. Ils ont fait intervenir des spécialistes de l'épigraphie antique. Elle constituerait un témoignage par lequel l'architecte concepteur et le maître d'oeuvre auraient exprimé que la façade (ou les élévations) auraient été entièrement mesurées.  MM. Gascou et Paillet écrivent : " ... Le rédacteur de l'inscription airait peut-être voulu signaler le fait que l'épiderme du monument aurait été, dans sa totalité, mesuré. Cette expression sous-entend évidemment que les façades ont été mesurées soigneusement lors de l'implantation  et de la construction, mais aussi dessinées et composées antérieurement. ... Faisant référence à la totalité de l'oeuvre, ... l'on pourrait en définitive proposer la traduction suivante : "L'épiderme - du monument - dans sa totalité - autrement dit les parements vus, c'est-à-dire les façades et les coupes - a été mesuré. L'inscription, selon cette interprétation, ne pourrait donc être que contemporaine de la construction du monument et sa graphie, seul élément utilisable pour une datation approximative, prendrait toute son importance."
                
Jusqu'au début de l'après-midi l'inscription reste dans l'ombre. Située à sept mètres au dessus du sol seul le mot MENS ressort nettement. La lumière solaire est nécessaire. Quelle émotion on ressent à la lecture d'un tel témoignage.

                   b) Dans la colline, en amont , on se trouve au-dessus du Pont. Là une vue est du plus bel effet. Deux itinéraires y conduisent à partir du bas. Du chemin de Saint-Privat un sentier balisé permet d'atteindre la partie supérieure du Pont et de la dépasser en une vingtaine de minutes. La pente est douce.
                        Il n'en n'est pas de même si l'on emprunte le sentier muni de marches d'escaliers de la rive droite, côté aval par rapport au Pont. Les marches d'escaliers, mal réparties, provoquent des essoufflements. Ce sentier mériterait d'être conçu autrement.

                         Les points panoramiques à partir desquels on domine le Pont du Gard font oublier l'énergie déployée tant le spectacle des vieilles dalles qui recouvrent le Pont, si mince dans ce cadre grandiose, impressionne. On peut s'asseoir, se reposer et méditer.

          En aval du Pont du Gard : Nous suggérons de voir le Pont du Gard à partir de deux lieux d'observations peu fréquentés.

                     a) Premier point de vue : On se rend d'abord au Pont de Valmale. On s'engage ensuite le long du sentier qui longe l'aqueduc en aval de ce dernier. On se trouve donc dans les "bois de Remoulins". Une marche de cinq ou six minutes le long des vestiges conduit au premier point de vue : C'est le dernier endroit d'où l'on peut voir le Pont du Gard quand on suit cet itinéraire. Le Pont apparaît asymétrique car la colline à gauche l'occulte en partie. La vue est inhabituelle. C'est le matin avant huit heures et demi solaires ( 9h30 à notre montre l'hiver et 10h30 l'été) qu'on profite de l'ensoleillement sur cette face. Inséré entre les collines des deux rives verdoyantes et sauvages, l'image du joyau déposé dans son écrin de verdure est là encore grandement justifiée. Le Gardon coule dans le bas, calme et apparemment immobile. Le Vieux Moulin, sur l'autre rive, solitaire, s'intègre harmonieusement dans ce cadre où tout mouvement semble ralenti et toute rumeur atténuée. Encore un beau décor qui comble ceux qui apprécient la nature et la poésie.

                      b) Le second point de vue : Il se situe à cent mètres du premier. Pour y parvenir, on poursuit le sentier en direction de l'aval, vers Remoulins. Mais après une dizaine de mètres, on emprunte, sur la gauche, une voie plus large bien que trop étroite pour être un coupe feu. On longe ce faux coupe-feu, qui descend en direction du Gardon, jusqu'au bout soit moins de cent mètres. On aboutit sur un emplacement plus large, une clairière au-dessus de l'ancien hôtel Labourel. Le cadre est surprenant. Le Pont du Gard, encaissé entre deux collines recouvertes de chênes yeuses verts foncés, domine la forêt riveraine vert clair. Il est tout entier situé au-dessus des arbres. Quelle grandeur !

                                                                                                                          

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