L'aqueduc de Nîmes
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X . Les Bois de Remoulins

          

3) Le pont de la combe Roussière.

          Localisation : Carte IGN : Est-Remoulins.

          Le pont a disparu : trop proche de la route ses pierres ont été récupérées à partir du haut Moyen Age par les riverains, les moines bâtisseurs. Il ne reste du monument que les culées amont et aval construites en petit appareil de moellons taillés dans la molasse.

          Compte tenu de la hauteur des parois, de la cote du radier voisine de 65 m, de la cote du fond de la vallée voisine de 40 m, ce pont devait atteindre plus de 25 mètres de hauteur. Il était donc plus haut que les arènes de Nîmes.
          Selon les archéologues ( E. Espérandieu en 1926 - MM. Fabre, Fiches et Paillet en 1990 ) qui ont étudié l'ouvrage le pont comportait deux étages d'arches. Le premier étage était constitué de trois arches dont les fouilles ont été mises à nu lors d'études conduites dans les années 1990.
          Ce pont constituant un ouvrage fort important illustre bien le compromis constamment négocié entre l'aqueduc qui suit les courbes de niveau - la facilité - et l'ouvrage d'art audacieux - la technicité -. Sur quels calculs, sur quels critères reposaient ces compromis ? Nous n'en savons rien et nous ne pouvons qu'énoncer des hypothèses. Ce qui est certain en revanche c'est que l'aqueduc fut le fruit de compétences incontestables et d'un très haut niveau technologique qui ne laissait aucune place au hasard.

          Des remarques du même ordre s'appliquent à la construction des autres ponts construits au fond des vallons des Bois de Remoulins.
          Bien qu'il soit peu connu, que ses vestiges ne retiennent pas suffisamment l'attention, qu'aucun peintre ne l'ait immortalisé, nous considérons le Pont de la Combe Rousssière comme un beau monument qu'il faut réhabiliter.
          Le pont s'étendait sur une centaine de mètres. On passe de la culée amont à la culée aval en suivant les sentiers que nous venons de citer ou en empruntant les pentes raides perpendiculaires au vallon. Sur le fond de la culée aval, les archéologues du C
.N.R.S ont mis en évidence une couche de mortier de tuileau sur le dépôt grossier qui recouvre le radier. Ce mortier n'est pas recouvert de concrétions. Il fit donc l'objet d'une des opérations de réhabilitation de la fin de la période d'utilisation de l'aqueduc (IV - Vème siècle).

          Un dernier coup d'oeil sur ce pont qu'il est difficile de reproduire sur la plaque photographique. L'angle sous lequel on le voit nécessiterait un recul difficile sinon impossible à atteindre sans le recours à un engin volant.

De la combe Roussière à la Sartanette

          C'est par un virage à angle droit sur la gauche que l'aqueduc poursuit son chemin, en partie enterré dans la garrigue.
          Des concrétions détruites gisent au fond du canal, une arête sur le radier l'autre appuyée sur la paroi. Dès les premiers mètres au-delà de la culée aval, le sentier est double. Une partie emprunte l'aqueduc rempli de terre. C'est le chemin à ne pas prendre : marchant sur l'aqueduc, on ne le voit pas. L'autre branche longe les concrétions en contrebas, sur la gauche. C'est le bon chemin.
          Cent mètres après le pont de Combe Roussière, après un détour sur la droite on découvre dans l'aqueduc un sondage réalisé par Dhombre (1) et repris récemment par les archéologues. Ce sondage montre une coupe très nette de l'aqueduc. Les parois sont couvertes de concrétions. Une voûte bien conservée surmonte le canal.

          En dehors du sentier, la garrigue est impénétrable. La salsepareille tisse une barrière qui empêcherait toute tentative d'escapade latérale. Cette promenade n'est pas à faire pendant les mois de sécheresse car l'accident serait à craindre en cas d'incendie.
          C'est un des coins bien abrités où l'on peut cueillir les premières asperges sauvages dès le début du printemps.

          Le chemin aboutit à un coin dégagé d'où l'on domine la partie basse du Gardon sorti maintenant de ses gorges. La vue s'étend jusqu'à Saint Hilaire d'Ozilhan, Remoulins, Fournès. Il faut conserver son niveau et tourner carrément à droite. L'aqueduc, facile a suivre, longe la colline à laquelle il s'accroche. La paroi gauche a disparu. Là encore les récupérateurs de pierres ont fait main basse. Les empreintes des pierres prélevées laissent des marques sur les concrétions.
          Le pont de la Sartanette apparaît au fond du vallon, à 300 ou 400 mètres.
          Le sentier parallèle à l'aqueduc se situe sur la ligne de niveau des 64 - 65 mètres. Il s'accroche sur un versant un peu raide mais il ne présente pas de danger.
          On franchit une première et légère dépression ensablée. Plus haut, à droite, se situe la grotte préhistorique de la Sartanette. Plus loin une légère dépression débouche sur la célèbre grotte. à partir de cet endroit il convient de descendre dans le vallon. L'accès est plus facile et il évite de traverser le vallon en franchissant le pont de la Sartanette ce qui pourrait être dangereux pour le pont et les visiteurs. Descendre dans la vallée permet, en outre, de jeter un coup d'œil sur l'entrée de la grotte du "Taï" qui abrita bien des civilisations préhistoriques. On y a découvert des vestiges de la civilisation du cardial (M. Wolf - "Histoire du Languedoc"). Cette grotte se développait sur 80 mètres. Aujourd'hui elle est bouchée en partie par les alluvions transportées par ravinement. Elle est actuellement (en 2005) en exploitation de recherche par les archéologues.

          (1) Quelques mots sur l'initiative de Dhombre :

          Parmi les orthographes de Dhombre qui varie selon les ouvrages nous retiendrons celle de Adolphe Pieyre, ancien député et auteur de "L'histoire de Nîmes depuis  1830 jusqu'à nos jours" (c'est-à-dire jusqu'à 1885).
          Nous le citons : " ... En même temps et sur l'invitation du Conseil, se poursuivait une étude qui pouvait avoir pour Nîmes les plus heureuses conséquences. M. Dhombre, ingénieur des Ponts et Chaussées, avait été mis à la tête d'ateliers dans le but d'explorer et de reconnaître tout l'aqueduc romain. Il s'agissait  de savoir tout le parti qu'on pourrait retirer de cette étude en vue d'amener les eaux du Gardon indépendamment des sources latérales ou de niveau que l'aqueduc pourrait recueillir sur son parcours. Ces travaux de recherches devaient, on le voit, s'arrêter au Pont du Gard, où l'on comptait placer des machines élévatoires.
          Du 1er septembre au mois de décembre 1844 M. Dhombre avait exploré toute la section de l'aqueduc entre Nîmes et Saint Gervasy. A la session de février le maire faisait connaître au Conseil que les ateliers dirigés par M. Dhombre avaient vérifié la section entre Nîmes et Saint Bonnet. Il faisait espérer que l'ensemble de l'opération serait terminé cette année même et permettrait alors d'étudier d'une façon active et profitable la question d'adduction des eaux de Nîmes, résolvant ainsi un problème dont l'acuité devenait de jour en jour plus irritante ...".

   

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