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1 .  UZES

 

     La butte qui domine au sud-ouest le captage de l'aqueduc de Nîmes était déjà, au temps de sa construction, occupée par une bourgade, la future Uzès. Elle est construite , en ce pays de pierre tendre, du matériau même sur lequel elle est fondée, tout comme la pierre du Pont du Gard sera extraite, à proximité du pont, des carrières de Vers.
     De récents travaux de terrassements au Portalet à Uzès, lors de l'aménagement de la médiathèque, ont exhumé des vestiges de fortifications celtoligures dont on peut voir la suite en contrebas de la promenade de la cathédrale et du pavillon dit "Racine". Les "Ligures étaient les occupants antérieurs à l'arrivée des Celtes (nos Gaulois d'ici, les Volques) et étaient marqués par l'influence de la colonisation grecque sur le littoral.
     Uzès était donc un important oppidum aux murs faits de pierres équarries et assemblées à joint vif, de façon assez stricte pour pour résister aux assauts de la tempête et des ennemis. Nous n'en sommes déjà plus aux empilements de pierres sèches, pourtant si savants, de l'architecture des garrigues, culminant en coupoles dans les fameuses capitelles si nombreuses autour d'Uzès et dont les constructions se sont poursuivies jusqu'à nos jours. Il ont inspiré un des ouvrages les moins attendus, dans la garrigue entre Uzès et Saint-Siffret : le temple-pyramide, construit par les soldats indochinois réduits , par l'armistice de 1940, à dépierrer les champs afin de les rendre cultivables.                                                                                                            

     8 007 habitants (recensement de 1999). Marché tous les samedi dans les rues de la vieille ville.
     Sur une colline dominant le vallon où l'Airan se triple par la réunion de la Fontaine d'Eure et prend le nom d'Alzon. En dehors des vestiges du captage et du trop plein rejoignant l'Alzon (qu'on peut visiter dans le lit de la rivière au pied des jardins de l'évêché), il n'y a guère de restes de constructions, à Uzès, antérieurs au Moyen-Age.

     Les guerres de religion, à la suite du passage de l'évêque d'Uzès au protestantisme avec la grande majorité de la population, et la répression qui a suivi le rétablissement de l'autorité catholique (guerres sous Charles IX et sous Henri III, sous Louis XIII puis sous Louis XIV, au tout début du XVIIIème siècle), ont détruit églises et remparts. 
     Elle n'ont laissé subsister de l'ancienne cathédrale (XVIIe s.) qu'une construction du XIe ou du XIIe s.: la magnifique tour (monument historique) Le Campanile ou tour Fenestrelle, composée de six étages circulaires à colonnades, légèrement en retrait les uns sur les autres. Point de départ d'une belle promenade avec vue étendue sur la vallée de l'Alzon, plantée de marronniers et supportée en partie par une terrasse.

     Pour les mêmes raisons, il ne subsiste des fortifications que quatre tours :

  • La première est la tour Bermonde, au crénelage abusivement refait  et située actuellement dans le château, appelé Le Duché. Ce dernier est un mélange de constructions de diverses époques, flanquées de grosses tours : un donjon du XIe s. ; une façade principale, élevée au XVIe s., d'après les dessins de Philibert Delorme ; une chapelle du XIIIe s., recouvrant des caveaux où sont les tombeaux de plusieurs ducs et duchesses.

  • En face d'elle, la tour de l'horloge dite de l'évêque, massive et aussi carrée que la Fenestrelle est ronde.

  • La tour du roi, la moins haute et la plus belle.                                              

  • La tour Saint-Etienne, accolée à l'église baroque Saint-Etienne et à sa jolie façade galbée et qui lui sert maintenant de clocher.
         
    Aux quatre tours fortes répondent, comme la charrue à l'épée, les quatre moulins sur la rivière : celui du duc, celui de l'évêque, celui du roi, c'est-à-dire un au nom de chaque pouvoir. Mais, de même que les trois mousquetaires étaient quatre, et qu'il y avait quatre tours fortes, il y avait aussi un quatrième moulin : celui de la ville, comme pour confirmer que l'histoire n'a jamais pu se résoudre à n'être que l'arbitre du conflit entre les trois pouvoirs (l'église, la noblesse souvent incarnée dans les mêmes familles, et le lointain pouvoir central (vague souvenir de l'empire à l'époque féodale quoi, avec les siècles, finira par tout tirer à lui.).

    Cette ville a conservé sa physionomie féodale : la plupart des rues y sont étroites.
    Ce sont les siècles classiques qui ont le plus donné à la splendeur d'Uzès :

  • la façade renaissance du Duché,

  • la façade baroque, si élégante, même avec ses atlantes qui n'ont pas la vitalité d'un Puget, de l'ancien palais épiscopal aujourd'hui sous-préfecture et tribunal, avec un parc remarquable.

  • L'ensemble unique de la place aux Herbes entourée d'arcades et décorée d'une jolie fontaine.

    Ce qui fait le prix d'Uzès c'est l'exceptionnelle harmonie de l'effet d'ensemble :

  • qu'on la contemple du haut de la tour Bermonde, avec ses toits d'ocre rose, ou des collines qui lui font face de l'autre côté de l'Alzon et de l'aqueduc, avec le panorama de ses tours,

  • que l'on fasse le tour des boulevards bordés de platanes qui ont remplacé les remparts (mais en dessous de Saint-Etienne on peut encore admirer le Barry),

  • qu'on longe le lacis de ruelles , entre remparts, Duché et place aux Herbes.

    On peut encore voir
    :
         La tour de la prison.
         L'Hôtel du baron de Castille.
         Le pavillon Racine, qui servit de logement au poète pendant quelques mois.
         L'églises Saint Julien, de style gréco-romain.                                         

     Près de la Fontaine d'Eure (à 2 km) les ruines de la tour de l'Evêque :
    On ne saurait trop recommander aux amateurs de marche à pied le sentier qui, partant sous les terrasses de la promenade que domine la Fénestrelle, se sépare en deux branches :

  • l'une suivant le cours de l'Alzon à travers les gorges jusqu'au Château-Bérard - c'est sur le retour de cette branche que l'on a, longuement, une admirable vue sur la tour-,

  • l'autre descendant vers l'amont au lit de l'Alzon, par le pied d'une ancienne tour de défense quadrangulaire étroite et haute et les ruines d'une petite usine. De ce dernier endroit on peut atteindre les vestiges de l'aqueduc. Un chemin permet de remonter sur l'autre versant  - et, si on le désire, de rejoindre l'autre branche à Château-Bérard - en jouissant au passage de la superbe vue d'Uzès.

     L'association de la pierre et de l'eau, si caractéristique de l'aqueduc de Nîmes, ne l'est pas moins de la ville qui s'est développée vis à vis de sa source : Uzès, nous l'avons dit, s'est bâtie avec la pierre extraite de son propre sol pour creuser les fondations et les caves, sans négliger la pierre poreuse des premières couches, comme l'illustre le salpêtre qui s'observe dans tous les rez-de-chaussée. La pierre des plus belles façades vient des carrières de Saint Firmin ( ou "la Perrine") au nord de la ville. Les plus lointaines carrières utilisées ne sont pas à plus de cinq kilomètres (vers Arpaillargues). Le mortier à chaux et à sable  utilise la chaux de la pierre dont on bâtit, le sable du Gardon et l'eau de source ou de rivière.                                                                                          

     Comme le Pont du Gard par ses arches, Uzès est célèbre par ses voûtes. Héritière des capitelles de pierres sèches qui émaillent encore la garrigue de l'Uzège, les voûtes sont partout : dans les caves, les unes voûtées en berceau, les autres à coupole, ou en arête, souvent étayées de croisées d'ogives. La voûte d'arêtes est presque de rigueur pour les rez-de-chaussée. Ces voûtes sont souvent extrêmement surbaissées, (voir les arceaux de la place aux Herbes). Cela peut aller jusqu'à la voûte plate, prouesse des tailleurs de pierre du XVIIIème siècle, dont un bel exemple se voit à l'hôtel Chambon de la tour.

     Une visite d'Uzès, de préférence commentée par un guide compétent dans le travail de la pierre, constitue un remarquable complément à une visite approfondie de l'aqueduc. Il ne faudra pas oublier de monter sur une tour pour contempler les toits de la ville, ni d'aller, des terrasses qui bordent la promenade devant la cathédrale, étendre son regard sur le val d'Alzon et tenter de deviner sur le versant opposé le cheminement de l'aqueduc qui serpente, en sa descente imperceptible, de la source de l'Eure aux coteaux de Saint-Maximin.

     La fontaine d'Eure, captée au premier siècle de notre ère pour alimenter l'aqueduc de Nîmes, rejoint très vite l'Alzon au fond de sa vallée. C'est une rivière venue de l'est, du versant nord des collines culminant au Mont Aigu et dont les argiles d'un bel ocre fournissent depuis l'antiquité le matériau de la céramique de Saint-Victor-les-Oules et de Saint-Quentin-la-Poterie. Celle-ci connaît aujourd'hui un regain d'activité : maison de la terre, foire internationale de Terralha en juillet. A l'endroit où il reçoit la fontaine d'Eure, l'Alzon, arrêté par une butte à l'ouest, s'enfonce vers le sud dans une gorge dont l'aqueduc longe la rive gauche. Ils repartent ensuite, l'un et l'autre, vers l'est. L'Alzon reçoit les Seynes venues du mont Bouquet puis descend rejoindre le Gardon à Collias, à quelques kilomètres en amont du point où l'enjambe le Pont du Gard.

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