Le Pont du Gard | ![]() |
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I . Le site du Pont du Gard |
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B. Le Pont du Gard et l'histoire.Bien des auteurs l'ont chanté, en langue d'OC, en langue d'Oil, en langues aussi diverses que sont différentes les origines de ses visiteurs.
En 1851, le sculpteur James Pradier érigeait, sur la Place de
l'Esplanade, un des plus beaux monuments récents de la ville de Nîmes
: une belle dame, la ville de Nîmes, entourée de quatre personnages,
tous taillés dans du marbre de Carrare. Les quatre naïades symbolisent
les cours d'eau majeurs qui concernent la terre de Nîmes. Deux
personnages féminins Némausa (Fontaine de Nîmes) et Ura (Source de
l'Eure) dont la finesse du corps, la délicatesse du visage, la douceur
du regard tranchent avec la puissance des deux personnages masculins de
grande stature, aux muscles saillants, au regard puissant et agressif,
Rhodanus (le Rhône) et Vardo (le Gardon).
Quand à nous, nous aimons définir le Pont du Gard comme la rencontre d'Ura et de Vardo. Le Pont du Gard doit son existence au passage des eaux captées à la source de l'Eure et à la vallée profonde du Gardon, obstacle que l'aqueduc devait absolument franchir. Le monument est situé dans la partie inférieure des gorges du Gardon, à l'endroit le plus propice pour supporter l'immense aqueduc, long de 400 mètres à l'époque, haut de 49 mètres, accroché aux parois rocheuses qui s'opposent aux pressions latérales. La presque totalité du monument repose sur un socle rocheux de calcaire urgonien suffisamment résistant pour supporter des pressions supérieures à 10 kilogrammes par centimètre carré. Construit dans la seconde moitié du premier siècle après Jésus Christ, le Pont du Gard est bien un aqueduc. Le pont routier attenant est de facture récente (1742-1747). Il importe de l'éliminer de notre pensée si nous voulons revenir à la destination première du Monument. Le Pont aqueduc est l'échafaudage maçonné, support du canal aqueduc.
Les eaux qui le traversaient avaient roulé pendant des heures le long
d'une pente relativement forte en amont. Elles s'engageait ensuite dans
un canal presque horizontal qui serpentait le long des vallons des
garrigues de Remoulins, de Saint Bonnet et de Sernhac, avant de
contourner l'étang de Clausonne et changer de versant.
Le Pont du Gard c'est autre chose encore. Aqueduc à l'origine, il devint viaduc à partir de 1747. Mais jusque là il a connu bien des crises, bien des troubles, bien des histoires et des drôles d'histoire ! La région de l'Uzège fut le siège de nombreuses invasions. Le Gardon traversait la Septimanie orientale. Son cours séparait deux peuples ennemis : au VI ème siècle, les Wisigoth installés à Nîmes et les Francs occupants Uzès laissèrent des traces dont toutes ne sont pas connues. Le Pont du Gard connut aussi les guerres de religions, les excès : la Saint Barthélémy et les Michelades. Depuis il est devenu le Monument, la partie principale d'un cordon dont l'aqueduc forme l'ensemble. Il relie deux pôles importants du protestantisme français : Uzès à l'est, Nîmes à l'ouest. Sa trajectoire est à peu près parabolique. Son foyer serait situé dans le domaine de Saint Privat, haut lieu de la religion réformée. C'est au château de Saint Privat que Louis XIII et le cardinal de Richelieu signèrent la dernière phase de la paix d'Alais.
Les abords immédiats du Pont du Gard connurent les bombardements
alliés pendant la triste période 1942-1944 de la guerre. A cent
mètres du Monument une construction fut touchée. Un général allemand
et son état major étaient installés au Château de Saint Privat et
veillaient sur le sud-est de la France où il pressentaient un
débarquement.
Un très important dépôt de munitions s'étendait de Vers à Castillon.
Il approchait Remoulins. Le Pont du Gard a failli disparaître le 23
août 1944 quand les soldats allemands on déclenché la mise à feu des
cent dix tas du dépôt de munition. Heureusement, un seul tas a sauté.
Un poteau tombé à terre ou une complicité philanthrope ont protégé
la région.
La dernière crise ne serait-elle pas celle qui a failli ridiculiser le Monument et son site à jamais ? Il a échappé de justesse à un stupide projet d'aménagement qui pendant quatre années, de 1990 à 1994 a tenu en émoi les défenseurs du patrimoine. Ce projet aurait pu priver durablement notre région et les générations futures du bonheur d'écouter cette musique dont parle Stendhal, selon laquelle le "peuple roi" est venu jouir pour les siècles dans la solitude embaumée des garrigues. Remontons le temps
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