Le Pont du Gard

I . Le site du Pont du Gard

          

E . Le Pont du Gard et la géographie

          L'aqueduc romain parcourt un triangle dont les sommets sont marqués par les villes d'Uzès, de Remoulins et de Nîmes.

          Au nord d'Uzès, la garrigue de Lussan est calcaire. A l'ouest, le Gardon coule dans une vallée profonde, dominée par les garrigues de Nîmes. A l'est de Remoulins, le plateau d'Estézargues est relativement haut : entre 100 et 200 mètres. l'ensemble délimite un triangle bien connu pour sa sécheresse estivale.

          Les grands axes de cet environnement sont liés au relief, à la topographie, à l'hydrographie.

          1 . La garrigue d'Uzès et de Vers :                         

          Couverte de chênes vert (yeuses), ces garrigues caractérisent le paysage de l'aqueduc à l'est de l'Uzège. 

          Le relief, la nature du sol, l'échelle de variation des altitudes, les débits très variables des cours d'eau sont autant de données que les Romains ont dû prendre en compte dans la conception de l'aqueduc.

          Le support est calcaire. La mollasse du miocène constituant le fond marin s'y est déposée durant des millions d'années. Cette structure solide, relativement homogène constitue la mollasse qu'on appelle dans la région "pierre du Pont du Gard".

          Selon la résistance du sol, selon l'importance du réseau hydrographique, les constructions de l'ouvrage prendront appui sur des blocs de plusieurs tonnes - grand appareil - ou sur des moellons de petites dimensions - petit appareil -.

          Les altitudes varient de 140 mètres au-dessus  d'Uzès à 18 - 20 mètres sur les bords du Gardon. Elles sont inférieures à 65 mètres, altitude moyenne de l'aqueduc en plusieurs points de la commune de Vers-Pont-du-Gard, ainsi que dans les vallons entre le Pont du Gard et Remoulins. Ces défaillances altimètriques ont amené les géomètres romains à prévoir la construction de structures extérieures : des murs jusqu'à une certaine hauteur, relativement faible, des ponts à arcades en des lieux où le relief est défaillant ou des parcelles inondables.                          

          2 . Les bois de Remoulins :

          On trouve une série de vallons plus ou moins profonds et perpendiculaires au cours du Gardon au delà du Pont du Gard. L'ouvrage romain suit d'assez près les lignes de niveau. Les architectes durent alors concilier trois stratégies : 

  • imposer à l'ouvrage les contours des méandres profonds,

  • faire traverser directement les combes par des ponts,

  • amorcer certains méandres jusqu'à un certain point puis, à la faveur d'un rétrécissement marqué par des assises fiables, couper le vallon par un pont.

          La terre végétale est peu abondante. La roche calcaire affleure du sol à bien des endroits. Les modifications géologiques ont donné naissance à de nombreuses grottes dont certaines sont fréquemment citées dans les livres spécialisés en archéologie.

          Les vents du nord transportent le sable du Gardon jusque dans ces vallons où la végétation s'adapte. Les cistes cotonneux qui prolifèrent en terre calcaire cèdent la place aux cistes de Montpellier ou aux cistes à feuille de sauge dans les sols siliceux en surface de la Sartanette, par exemple.

          Les bois de garrigue, épais dans les vallons, taillis au voisinage des sommets, sont presque toujours enchevêtrés de salsepareilles. Ils peuvent se révéler dangereux en été, pendant les périodes propices aux incendies. Les versants nords, donc exposés au mistral dominant, rendent les promenades d'été dangereuses dans ce secteur des bois de Remoulins.                                                                          

          3 . L'étang de Clausonne :

          Une barrière sur le parcours de l'aqueduc. Cet étang qui se trouve à la limite des bassins du Gardon et du Viste impose une inflexion à l'aqueduc. Compétence du librator (le géomètre), prouesse des ingénieurs romains, tous durent réunir leur qualités, leur savoir-faire pour réussir une oeuvre admirable.

          4 . La plaine du Vistre, de Lédenon à Marguerites.

          L'altitude s'est abaissée pour atteindre des côtes tout à fait convenables - entre 60 et 65 mètres - dans un sol d'alluvions la plupart du temps. Le canal, souvent enterré, n'est pratiquement pas visible. La récupération des eaux lors de la période post-romaine se faisait par soutirage à partir de puits ou de regards.

          5 . Les collines de Nîmes :

          A partir de Courbessac, au-delà de la piste allemande - piste que les autorités allemandes firent construire pendant l'occupation de 1942-1944 pour dissimuler leurs avions de chasse dans les premiers contreforts de la garrigue - , l'aqueduc longe les rives ou se dissimule sous les coteaux, les serres comme on dit à la cité des mazets. Le canal romain entame ou franchit souterrainement : Serre Françoise, Serre Paradis, Les Justices Vieilles, Serre Cavalier ( à ne pas confondre avec le mont Cavalier au pied duquel coule la Fontaine de Nîmes), Ventabren, le Mont Duplan, le Mont Margarot (pour en citer sept !).                                                    

          Quel Nîmois ne connaît par coeur les quatre vers grinçants gravés sur le socle de la statue d'Antonin implantée au milieu du square du même nom qui recouvre le canal de la Fontaine :         " Le Nîmois est à demi romain,
                         Sa ville fut aussi la ville aux sept collines,
                         Un beau soleil y luit sur de grandes ruines
                         Et un de ses enfants s'appelait Antonin."

          Les Nîmois sont aussi fières de leurs nombreuses collines et de leur Antonin que les Uzétiens le sont des vers de Racine et de leurs belles nuits.

          La géographie imposait aux ingénieurs de l'époque des stratégies où l'ingéniosité, la ténacité devait suppléer les insuffisances de la technique.

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