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II . Conférence de presse du 15/10/2004

(Écouter l'interview de Claude Larnac au journal de France Bleue Gard-Lozère - 413 ko :  )

 Mesdames, Messieurs les journalistes,

            Nous avons l'honneur de vous convier aujourd'hui à cette conférence de presse pour solliciter de vous la diffusion de nos préoccupations sur l'avenir du site du pont du Gard.

            Il ne s'agit pas pour nous, de nous prononcer sur la gestion actuelle du site du pont du Gard mais, à partir d'une analyse et de faits concrets, d'exprimer nos craintes quant à l'avenir de ce  site.

             Le CIDS, prêt à négocier sur la forme, reste vigilant et intransigeant sur le fond. Il a toujours défendu le principe d'un aménagement raisonnable, autogéré et respectueux du site naturel et culturel du pont du Gard.

 L'aménagement actuel a été défini à partir de principes convenables mais a été réalisé à l'aide de fonds trop importants, provenant en grande partie de l'Europe et de la chambre de commerce et d'industrie de Nîmes. Probablement soumis à des influences extérieures - bonnes ou moins bonnes - les responsables locaux et le syndicat mixte, émanation directe du conseil général, non préparés à la mise sur pied d'une telle opération, n'ont pas suffisamment tenu compte des populations locales, de leur volonté et ont sous estimé l'importance du fonctionnement. Certes seule la CCI, institution publique engagée par une convention valable pendant 50 ans, devait répondre de la bonne marche de l'affaire, ce qui paraissait être une garantie. Mais hélas ladite chambre a rompu son contrat dès la troisième année et le département, en partie engagé par le syndicat mixte, préférait alors éponger les bévues du passé. Il proposa alors une nouvelle gestion : l'E.P.C.C.,  Etablissement Public de Coopération Culturelle, structure multipolaire dont la direction est confiée à des élus, à des fonctionnaires, à des représentants du personnel et à des personnalités qualifiées. Nous défendons cette forme de gestion. Un des membres de notre association figure d'ailleurs dans ce conseil où il s'efforce de faire vivre nos principes.

 L'E.P.C.C. est une bonne solution mais trop vulnérable à cause du déficit inhérent, selon nous, à la conception même de l'aménagement. Ce déficit est pris en compte exclusivement par le département.

             L'avenir de l'EPCC dépend exclusivement de son financier, le département, c'est-à-dire d'une majorité politique qui peut changer à tout moment, au moins tous les trois ans. On sait d'ailleurs que d'autres courants de pensée se sont exprimés dans notre département, lors de la dernière campagne électorale des élections cantonales. Ils se sont prononcés pour  une révision de la gestion.

             De même que la politique économique de la région vient de changer radicalement avec la venue d'un nouveau président et que le budget de fonctionnement de la Lozere pose désormais de sérieux problèmes, on est en droit de penser qu'un changement de majorité  départementale ou une aggravation subite de la situation économique de notre département pourraient remettre en question la stabilité de l'E.P.C.C.  au profit d'une privatisation de la gestion.

         Existe-il des garde-fous à un changement de gestion ?

        Oui : l'opinion publique, mais à condition qu'elle soit motivée.

           Les conditions de la motivation :

        Un aménagement implique un changement dans les habitudes, les traditions et dans la vie. Il ne peut être apprécié que si chacun y trouve son compte c'est-à-dire s'il apporte au moins autant que ce qu'il a fait perdre. L'expérience prouve que les changements brusques sont voués à l'échec.  En revanche, des changements pensés, conduits et maîtrisés par des gens impliqués, respectueux des utilisateurs et des autochtones, ont plus de chances de réussir.

        Depuis toujours, les hommes politiques habiles savent qu'on ne propose jamais des réformes brutales et qu'on n'impose pas des revirements à 180°.

        Certes, le pont du Gard et son site ne sont pas propriétés des Gardois, mais c'est avec leurs impôts que l'on paie la totalité du déficit du fonctionnement du site. Déficit quasiment irréductible, trop important, de l'ordre de 4 millions d'euros en 2003, qui ponctionne chaque famille moyenne gardoise d'une trentaine d'euros par an.

           Dans ces conditions les Gardois qui risquent de se lasser, pourraient devenir   indifférents à une privatisation de la gestion du site qui, à tort ou à raison, semble leur échapper. Apparaît donc la nécessité de réfléchir, d'analyser la situation, de faire preuve de responsabilité.

           Il faut que les Gardois se réapproprient le site du pont du Gard, leur patrimoine, condition nécessaire  pour qu'ils le défendent.

        Comment les Gardois peuvent-ils se réapproprier le site du pont du gard ?

           Un constat officiel publié par l'EPCC révèle que 10 % de la fréquentation du site sont composés de régionaux. C'est relativement peu.
Composition de la fréquentation régionale ?
           On compte parmi les régionaux des visiteurs des départements voisins et des Gardois. Ces derniers constituent donc moins de 10 % des visiteurs.                              Composition de la population gardoise qui se rend au pont du Gard ?
            Elle comprend : 
            -          des visiteurs occasionnels,
            -          des abonnés, qui ont acheté une carte
            -          des enfants des écoles. 

Les 3000 ou 4000 abonnés qui se rendent au pont du Gard sont comptabilisés à chacun de leur passage, à l'entrée des parking. Toute voiture qui franchit la barrière est sensée  transporter 3,7 personnes, nombre qu'on majore de 10% pour tenir compte des piétons, qui se rendent au pont du Gard sans voiture. Ainsi un abonné qui franchit la barrière du parking 10 ou 20 fois par an, sera générateur, vis-à-vis des statistiques, de 40 à 80 visiteurs, disons 60, en moyenne, pour simplifier.

 Les enfants des écoles, transportés par milliers en fin d'année, grâce à d'importantes subventions départementales, pour visiter le site et les installations muséographiques, sont comptabilisés parmi les visiteurs gardois.

 En fin de compte, le nombre réel des visiteurs gardois, que nous ne sommes pas en mesure d'évaluer avec précision, est peu important. Il représente probablement moins de 5 % d'une population touristique globale d'un million de visiteurs.

 -          Sur le plan social, il ne doit pas dépasser 50 000 personnes, soit un Gardois sur 11,

 -          Sur le plan financier, les Gardois n'apportent pas grand-chose  dans la cassette directe de l'EPCC.

 En revanche, on les retrouve nombreux les lundis de Pâques, ou pour les Journées du Patrimoine, à l'occasion de l'ouverture des portes du site et de la gratuité des espaces muséographiques.

             La désaffection des Gardois, est bien due au refus de payer pour accéder à  leur patrimoine.

            Réaction saine ou malsaine, tel n'est pas l'objet de cette conférence. On peut simplement constater la désaffection de  ceux qui paient déjà, sans venir, 3 ou  4 fois plus que les touristes extérieurs au département, et comprendre leur amertume vis-à-vis d'un aménagement qu'on leur a été maladroitement imposé.

 

Les sociétés privées gèreraient-elles mieux ?

 Nous n'en savons rien. Il existe des gens capables et compétents partout, et des incapables et des incompétents dans tous les secteurs. Ce n'est donc pas sur cet point que nous fondons notre méfiance.

Mais sur le fond, sur les objectifs, toute société privée cherche un avantage  immédiat, direct ou indirect.

 Le site du pont du Gard, peut-il générer des revenus ?

 *          Directement, non ou alors moyennant des changements de structures qui le transformerait en parc à touristes, : ce n'est pas la vocation d'un trésor culturel.
             *          Indirectement, sans doute, s'il est pris en main par des sociétés aux moyens considérables, qui n'en sont pas à 3 ou 4 millions d'euros dans leur bilan global mais qui recherchent, en revanche, un label original et porteur.
                               Et le pont du Gard, quel label !
             Le danger vient après. Celui qui détient l'argent, détient le pouvoir, y compris celui de ne respecter ni engagements, ni cahiers des charges,  et ce, bien entendu, aux dépens de l'environnement  et des sites.

 Le CIDS, totalement indépendant, tient à prévenir d'un danger possible, que d'autres, moins indépendants, redoutent également, danger qui serait préjudiciable à la protection du site et du monument.


Nos propositions

 

          I.  Nous proposons que le département accorde la gratuité des parkings et des entrées dans les espaces muséographiques, à tous les Gardois et développe le pôle culturel et le pôle touristique.

    -          La gratuité du site pour les Gardois, mesure irréaliste ou   démagogique ?  Voyons un peu.

            Irréaliste, certainement pas. La plupart des Gardois qui fréquentent le site possèdent la carte, d’abonnement annuel, vendue au prix modique de 15 €. Accorder la gratuité à ces Gardois ferait perdre 40 000 à 50 000 euros, soit  environ 1 % du déficit annuel du fonctionnement. C’est relativement peu si cela permettait aux Gardois de se réapproprier leur site, lesquels d'ailleurs laisseraient plus d'argent aux boutiques (Cf. les journées du patrimoine).

        Démagogique, absolument pas. Ce serait tout simplement rétablir un peu de justice en compensant  partiellement la contribution actuelle des Gardois, 28 € en moyenne par famille.  Un père de famille gardois qui ne vient jamais au pont du Gard contribue à raison de 28 € par an ; S’il acquiert une carte d’abonnement aux parkings et aux espaces muséographiques il lui en coûte 15 € de plus, alors qu’un non-Gardois qui ne fréquente pas le site ne paie rien, et s’il acquiert une carte d’abonnement il paiera 15 € en tout et pour tout, soit 35 % de la contribution du père de famille gardois.

 On accepte de payer ce qui intéresse.

              II. Favoriser les pôles culturel et touristiques de qualité

              La richesse d’un site repose sur sa spécificité et non pas sur ce qui se fait ailleurs
             Avec 1,2 milliard de francs, les Poitevins ont construit le futuroscope sur une terre aride. L'idée se révélait géniale et gratifiante, si bien que, depuis, des dizaines d'autres ont aménagé des parcs touristiques dans un esprit semblable. Qu’est-ce que cela donnera dans une dizaine d’année ?

Ne nous y trompons pas, le pont du Gard n'est pas l'ombilic de la romanité. Les sites romains se comptent par centaines, dont, tout près de chez nous, Nîmes, Arles, Vienne, Lyon et plus loin Rome, mais aucun de ceux-là ne peut prendre la spécificité de l’aqueduc de Nîmes. L'erreur serait de penser qu'un aménagement ambitieux, doté d'une muséographie généreuse, attirerait les touristes par centaines de milliers. L'expérience le prouve, les touristes viennent voir le chef d'œuvre original : le pont du Gard et son site.  La philosophie de l'aménagement n'aurait pas dû s'écarter de cette règle de bon sens.

             III        -          Quelques orientations possibles

             *    Reconnaître, à juste raison, au Site du Pont du Gard et à l'ensemble de l'aqueduc de Nîmes le statut de "musée de site et de reconstitution archéologique".

              Il en a toute les caractéristiques : site comportant des vestiges conservés et montrés au public, disposant d'un musée présentant des collections originales provenant du site et des reconstitutions réalisées selon des critères scientifiques.

              Sa mission en serait de conserver les vestiges in situ, présentés dans leurs contexte culturel et environnemental d'origine. De les présenter suivant un parcours grâce à une signalétique appropriée. De les faire parler auprès des divers publics dans un espace (musée) qui emploie divers moyens des plus classiques (montrer des objets issus de la fouille du site) aux plus élaborés (évoquer ce site pendant son activité par le moyen de reconstitutions, maquettes, ..

              *     Intégrer le site dans le parcours de l’aqueduc

              Pour cela apporter au personnel du site, qui est demandeur, des connaissances plus poussées sur  l’aqueduc. Cela lui permettrait de proposer des visites améliorées aux touristes et aux scolaires auprès desquels, il pourrait, pendant les périodes creuses de l'année, présenter le site et le monument dans les écoles du département.

               *   Améliorer les connaissances du personnel par des visites d’autres aqueducs
            Bellegarde (30 minutes du pont du Gard), Glanum (40 minutes), Arles (50 minutes), Lyon, Fréjus, etc. La qualité dans la formation évite la retransmission d’un savoir trop restreint, parfois faussé par un auteur, et qu’un visiteur exigeant ou averti a vite fait de remarquer.

              IV        -          Le tourisme

                L’intérêt touristique est étroitement lié au contenu et à la qualité de l'accueil.

              Les structures manquent : elles sont du ressort des instances locales et des particuliers

 

            N’attendre des touristes que le moyen de vendre du vin, de louer des chambres d’hôtes qui ne cessent de se multiplier, relève d’une attitude un peu trop réductrice.

            Il serait nécessaire, en revanche, et nous le réclamons depuis une dizaine d’années, d’implanter des hôtels permettant d’héberger les voyageurs d’un autocar, des restaurants adaptés à toutes les demandes, et d’inviter les autochtones à plus de bienveillance à l'égard des touristes.

            Intégrer le pont du Gard et son aqueduc dans un circuit relatif aux monuments romains régionaux, c'était semble-t-il une idée chère au candidat, président de l'actuel conseil régional.

             Proposer des circuits touristiques, spécifiques à la région.

             En dehors des bâtiments qui en sont pourvus, installer des sanitaires sur le site, car, sur les 160 hectares,  on n'en compte aucun.

 

 

              Enfin nous rappelons que Le CIDS informe :
             
Ses adhérents, grâce à 5 bulletins annuels,

                   Les populations, grâce à son site internet, www.Pontdugard.org

  

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