ACTUALITÉ

I . Gratuité d'accès pour les Gardois

 

               Cela fait maintenant plusieurs années que le site du Pont du Gard est entré dans une nouvelle période de son histoire. La construction du pont-aqueduc, il y a deux mille ans, avait introduit une dimension "urbaine" dans ce lieu de resserrement de la vallée du Gardon avant son débouché en plaine, déjà en contact entre une nature sauvage et une nature méditerranéenne cultivée. L'abandon de l'aqueduc l'avait rendu à son environnement proche, mais la présence du pont, pour incommode qu'il fût  à cet effet, en faisait un lieu de passage, confirmé il y a deux cent cinquante ans par la construction du pont routier. Mais un siècle plus tard, le pont n'avait plus guère qu'un intérêt local, tandis que se développait l'attrait touristique du monument, attrait dans lequel le site tient évidemment une grande place.

               Jusqu'à la dernière décennie du vingtième siècle le tourisme de plus en plus populaire a continué à se développer, jusqu'au moment où est apparue la nécessité d'en organiser l'accueil et, avec elle, l'idée d'en tirer parti sur le plan économique et pour l'image du département. Sans nier la nécessité d'aménager l'accueil et de protéger le site, le CIDS a combattu tout projet qui menaçait de dénaturer ce site, altérant son aspect naturel, mettant des volumes qui n'ont pas son élégance en concurrence avec le monument romain. Le pire a été évité. Pourtant l'aménagement a sensiblement modifié moins le site lui-même que ses caractéristiques et surtout son rapport à son environnement. Certes le libre accès piéton a été maintenu en quelques endroits, et le nouvel établissement n'a pas inventé le parking payant : il en a rationalisé l'usage. Reste que le site délimité, géré par l'établissement, est devenu un lieu quasi-fermé, un parc toujours menacé, quelles que soient les bonnes intentions actuelles des gestionnaires, de se transformer en parc de loisir de type urbain, ce qui lui ôterait, sans qu'on y prenne garde, tout ce qui précisément fait son caractère.

               L'examen statistique de la fréquentation, comme l'observation quotidienne, font ressortir que, depuis l'aménagement, le monument et son site tendent à se couper de leur environnement large. De nombreux familiers ont cessé de le fréquenter. Si l'on met à part le cas particulier des visites scolaires - excellent en soi - et si l'on tient compte du fait que le nombre d'occupants d'une voiture est en moyenne moins élevé pour les locaux, ainsi que de la proportion importante provenant du Vaucluse ou des Bouches du Rhône, on peut affirmer que la proportion de Gardois dans l'actuelle fréquentation du site est très inférieure à dix pour cent. Certes les abonnements (parking et toutes installations) n'ont rien de rédhibitoire et leur perception est en soi parfaitement légitime compte tenu des services rendus. 

               Mais la question n'est pas là. Il est clair que les contribuables gardois financent aujourd'hui la plus grande partie du fonctionnement de l'établissement, et en financeront durablement une grande part. Leur participation, à travers les entrées des installations et surtout les abonnements, ajoute à cela une somme non négligeable, certes, mais dont nous avons vu qu'elle est mineure si l'on tient compte, à la fois, de leur proportion dans l'ensemble des entrées, et de la part des entrées dans le financement.

               Il est donc légitime de se demander s'il n'y a pas plus à gagner, l'ensemble des Gardois payant déjà largement leur part du budget de fonctionnement de l'établissement à travers leurs impôts locaux, de leur ouvrir le droit  d'être admis gratuitement à tout ce qui est offert de façon permanente : parking et espaces musée. Cela ne saurait instaurer une inégalité entre les usagers, puisque les intéressés paient, de fait, déjà plus qu'il ne leur est actuellement demandé. Les Gardois se retrouveraient ainsi chez eux, sur un site qui retrouverait toute sa continuité avec le pays qui l'entoure. Leur fréquentation, plus étalée, qui ne menacerait pas d'engorger le site, serait la meilleure garantie contre le risque d'en venir à une gestion privée proprement commerciale, qui risquerait d'être fatale à cet ensemble privilégié et fragile qui réunit le pont-aqueduc et le paysage dans lequel il s'inscrit. En même temps, la part qu'ils prendraient à la vie du site, avec les amis en visite qu'ils emmèneraient, ne manquerait pas d'avoir des effets bénéfiques, y compris sur le plan financier.

               Le CIDS, conscient de s'exprimer de façon responsable, invite donc les élus à franchir le pas et à adopter le principe de la gratuité d'accès  aux équipements du site du Pont du Gard aux habitants du Gard.

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